Le docteur Shuler nous parle de l’addiction aux smartphones

L’addiction aux smartphones n’est pas un mythe. Elle existe bel et bien. Le Docteur Shuler nous en parle justement.

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Q : Bonjour docteur. Pouvez-vous nous décrire ce que c’est l’addiction aux smartphones ?

R : Bonjour. Il s’agit d’un trouble classé parmi les pathologies communicationnelles. En d’autres termes, l’addiction aux smartphones est un trouble qui entraine l’utilisateur à un besoin excessif, incontrôlable et obsessionnel d’utiliser un smartphone. Ce besoin est tel qu’il passe du temps et de l’énergie à l’assouvir, même si cela interfère avec son quotidien et celui de son entourage. Résultat, le sujet développe une anxiété qui peut se transformer en une dépression nerveuse.

Q : Donc, l’addiction aux smartphones est une maladie ?

R : oui, c’en est une, effectivement.

Q : Est-ce que cette maladie a toujours existé auparavant ou c’est tout nouveau ?

R : La dépendance au smartphone est un phénomène apparu au cours des années 2000, après la large diffusion des smartphones. Pour la plupart des utiisateurs, le smartphone est avant tout un outil pour se communiquer. Il a peut-être eu des cas de dépendance avant, mais c’est surtout depuis 2007, avec la large diffusion des smartphones que cette dépendance s’est multipliée. Depuis, le mal a évolué en addiction  numérique qui comprend l’addiction à l’internet. Qui dit smartphone dit internet donc les deux cas sont souvent liés. D’ailleurs, cette pathologie a un nom : la nomophobie.

Q : De quoi s’agit-il docteur ?

R : ce terme vient du « no mobile phobie », autrement dit, la peur de ne pas avoir son téléphone mobile. Il a été inventé lors d’une étude réalisée en 2008 par UK Post Office, une organisation britannique. Cette étude s’intéressait aux angoisses subies par les mobinautes. Bon, le terme phobie, qui veut dire une véritable névrose, peut paraître excessif qualifier la peur ressentir par un utilisateur lorsqu’il n’a pas son smartphone mais l’étude de UK Post Office le justifie par le fait que 53% des sujets présentaient vraiment des symptômes d’anxiété.

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Q : comment se manifeste l’addiction aux smartphones ?

R : les symptômes caractéristiques de la dépendance aux smartphones sont la constante utilisation de son mobile partout où l’on va, c’est-à-dire dans la rue, dans les transports en commun, chez les commerçants, pendant les courses et même chez un docteur. Le simple de regarder son téléphone sans arrêt représente déjà un signe majeur de l’addiction. Parce qu’elle est souvent suivie d’une crise d’angoisse lorsqu’une anomalie survient. C’est le cas par exemple lorsqu’aucun nouveau message ne s’affiche, ou qu’on ne retrouve plus son smartphone ou encore lorsque la batterie est faible mais il n’y a pas moyen de la recharger, etc. Les utilisateurs dépendants ont besoin d’avoir leur smartphone près d’eux tout le temps. Du coup, ils le gardent dans leurs mains, dans leur poche, dans leur sac et la nuit, ils dorment avec, le gardant sous l’oreiller ou sur la table de chevet. C’est au point que le smartphone devient une extension de leur corps. Au fil du temps, cette dépendance veut s’aggraver et conduire à un repli sur soi. Certaines personnes développent une forme d’autisme où ils sont totalement déconnectés du monde extérieur, ayant perdu tout sens de convivialité.

Les accros estiment qu’il est urgent de répondre aux emails et aux messages sur les réseaux sociaux . Or, ils sont les seuls à voir cet urgence, créant ainsi une priorité artificielle qui dépasse de loin les vraies priorités. Du coup, ils provoquent des situations d’impatience et d’intolérances, sans parler des frustrations insupportables aussi bien pour eux que pour leur entourage.

Q : est qu’il existe des symptômes physiques de cette addiction aux smartphones ?

R : oui bien sûr. Le seul fait de perdre son smartphone peut provoquer chez certaines personnes une crise grave de panique entrainant des sensations d’étouffement, des souffles courtes, des sueurs, et une accélération des battements de cœur.

Q : dites-nous docteur, comment sortir de cette forme de dépendance alors ?

R : C’est une question de volonté en faite. C’est un peu comme le régime. Si la personne arrive à s’autodiscipliner, elle s’en sortira sans problème. On peut par exemple réduire progressivement l’utilisation de son téléphone portable, en l’éteignant de temps en temps. On peut aussi s’efforcer de ne pas utiliser ou/et regarder son smartphone lorsqu’on est en présence d’une autre personne. Cela dit, dans les cas d’addiction grave, une consultation chez le psy s’avère nécessaire.